7 bonnes raisons d’adopter le Bonheur National Brut

Gouverner un pays à l’aune du PIB, en 2021, est peut-être aussi pertinent que d’utiliser une boussole dans un vaisseau spatial.

1. Refuser la dictature du PIB

Indéboulonnable. Cinquante ans que des économistes, des penseurs et des ONG du monde entier cherchent à détrôner LE référent star de l’économie, le roi des statistiques : le fameux PIB, ou produit intérieur brut. Mais rien n’y fait. Dans nos îles comme ailleurs, les yeux restent rivés sur cet indicateur de richesse, éternel gouvernail de nos politiques. Il suffit pour s’en convaincre de relire le dernier Budget Speech mauricien. « GDP » y est cité quatorze fois, « well-being » une seule…

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2. Faire confiance aux Nobel (qui veulent sa peau)

Mais le vent tourne. Avec la crise sanitaire, sociale et écologique que nous traversons, il est difficile de tout voir à travers une donnée qui se contente d’additionner des valeurs. Et nous redécouvrons cette évidence : le PIB n’a jamais été pensé comme un thermomètre de la qualité de vie. Il n’a même rien à y voir. Résultat, la fronde anti-PIB repart de plus belle. La voilà portée par une ribambelle de Prix Nobel d’économie, Joseph Stiglitz et Amartya Sen en tête.

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3. Réaliser que c’est un indicateur bancal

Fait peu connu : les dégâts sociaux et environnementaux augmentent le PIB dès lors qu’ils permettent de produire des biens marchands. La déforestation en Amazonie ? Rien de tel pour faire grimper le PIB brésilien en permettant une culture intensive du soja. La marée noire du Wakashio ? Dépollueurs et assureurs se mettent au boulot. Une hausse des accidents de la route ? Au tour des dépanneurs, carrossiers et chirurgiens. Bref, loin d’être une boussole, le PIB nous aveugle.

4. Suivre l’exemple du Bhoutan

Au début des années 1970, le petit royaume bouddhiste himalayen du Bhoutan oublie le PIB et décide de mesurer ses progrès à l’aide du « bonheur national brut » (BNB). Derrière cette appellation un peu candide, le concept, intégré depuis à la Constitution, est on ne peut plus sérieux : il s’agit d’orienter les politiques publiques en donnant la priorité au bien-être plutôt qu’à la croissance.

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Le Bhoutan a adopté le « bonheur national brut » dans les années 1970.

5. En finir avec le toujours plus

Le BNB balaie pas moins de 124 variables afin d’améliorer par des mesures concrètes la vie des habitants. Particularité : chaque variable définit un « seuil de suffisance » pour être heureux. Le tout est articulé autour de neuf dimensions : le bien-être psychologique, l’utilisation du temps, la vitalité de la communauté, la culture, la santé, l’éducation, la diversité écologique et la résilience, le niveau de vie et la gouvernance.

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6. Obtenir des résultats concrets

Si le Bhoutan reste un pays pauvre, la dynamique vertueuse enclenchée a permis des avancées comme l’amélioration de l’accès aux soins et à l’eau potable. Aujourd’hui encore, le BNB irrigue toute la vie du pays, entraînant de profonds bouleversements dans l’agriculture (objectif : 100 % biologique), l’éducation (on prépare les élèves à devenir des « ambassadeurs du changement »), la gestion des ressources naturelles (réglementation stricte de l’exploitation minière), l’énergie (seul pays au monde à avoir un bilan carbone négatif), la santé (gratuite pour tous), le tourisme (haut de gamme) ou le commerce (refus d’adhérer à l’OMC).

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7. Oser le changement

Depuis l’expérience bhoutanaise, partout dans le monde, de nouveaux thermomètres se sont multipliés. Certains se sont même taillé un joli succès, jusqu’à faire de l’ombre au PIB. C’est notamment le cas de l’« indicateur de développement humain » (IDH) des Nations unies. Plus proche de nous, en 2019, la Nouvelle-Zélande a présenté son premier « budget bien-être ». Il a pour ambition de s’émanciper du PIB en étant généreux dans des secteurs comme la santé mentale ou la protection de l’enfance. Là encore, il s’agit de ne plus faire de la croissance un objectif prioritaire. Ça ne ressemblerait pas déjà au bonheur, ça ?

Luxury Indian Ocean 7 bonnes raisons 1Maurice, pays le plus heureux d’Afrique

C’est le World Happiness Report de l’ONU qui le dit, et ça dure depuis 4 ans. À l’échelle mondiale, c’est un peu moins joyeux : 44e. Mais c’est mieux que les Maldives (89e) et Madagascar (135e). Les Finlandais seraient les plus heureux sur Terre, devant les Danois et les Suisses.

Par Fabrice Acquilina

 

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