Réfléchir

Un mode d’emploi pour comprendre notre société et ceux qui la font avancer.


L’art du bonheur ordinaire

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Kaya. Un nom synonyme de la richesse de l’identité mauricienne pour Claire. L’auteure des recueils de poésie La poursuite du meilleur (2014) et Suivre une étoile (2019) découvre les textes de ce chanteur « visionnaire, transgénérationnel et transculturel » dans sa vingtaine, et avec lui la beauté du créole. Si elle ne peut nier une évolution des mœurs, Claire constate cependant que les questions raciales soulevées par le créateur du « seggae » demeurent d’actualité. Tout comme son appel à l’unité. Claire nous parle également du groupe de séga Cassiya. « Leurs mots créent des images et gravent des instants de vie, à la mauricienne. Le maçon qui s’en va travailler, la terrasse d’une case créole… Ces artistes ont un impact palpable et s’érigent en modèles pour les communautés à qui ils parlent. » Tout comme eux, la plume de Claire est accessible. Déceler la beauté dans la simplicité, c’est ce que nous devons toujours nous appliquer à trouver. « Le bonheur est dans un coucher de soleil, un bain de mer, une amitié sincère. Le confinement nous a offert le temps de revenir à l’essentiel. Il ne faut pas perdre cet ancrage. »  

« Rendre les choses spéciales »  

Elliott Yan Luk, photographe et vidéographe

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La simplicité, Elliott a l’oeil pour la magnifier. « Dans mes photos, il ne se passe presque rien. J’adore capturer ces instants que les événements occultent. Quelqu’un qui regarde son téléphone, attend, fait ses lacets. Pointer mon appareil vers quelque chose, c’est le rendre un peu spécial. » Une approche qu’il partage avec son mentor, Yves Pitchen, dont il découvre l’oeuvre à travers l’exposition Borderline en 2016, puis dans son livre, Mauriciens. « Ce grand photographe projette des souvenirs des décennies écoulées. Il illustre la complexité de tout ce qui en a fait partie – les conflits, les relations sociales et communautaires – mais aussi, de manière plus spontanée, des bribes de vies. » Elliott se lance dans les arts visuels cette même année, avec Portrait over Canvas, un documentaire sur six peintres locaux. Deux ans plus tard, il expose aux côtés de photographes chevronnés à l’occasion des 50 ans de l’indépendance du pays. Du haut de ses 22 ans, il pose sur notre société un regard argentique, d’une maturité déconcertante. « Je documente en quelque sorte l’esprit de mon époque. Elle est en recherche d’équilibre, entre progrès et traditions. »  

« Valoriser nos richesses cachées »  

Brian Lamoureux, illustrateur

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Si vous cherchez Brian, essayez les ruelles de la capitale. Son travail y est découvert lors de la première édition du festival Porlwi, en 2015. L’urban sketcher et aquarelliste aime ’y égarer, à la recherche de bijoux architecturaux. Le caractère d’une bâtisse et l’histoire qu’elle évoque – ou qu’il s’amuse à imaginer – sont ses sources d’inspiration. « J’habite Port-Louis. Je suis entouré de vieilles bâtisses qui font partie de notre patrimoine culturel, mais devant lesquelles plus personne ne s’arrête. Alors j’essaie de capturer, comprendre, transmettre et sauvegarder l’air du temps, peut-être. » L’artiste se pose aussi fréquemment, cahier et stylo en main, dans les cités. Stigmatisées, elles effraient. Pourtant, assis sur le trottoir, il attire le regard des curieux qui s’approchent volontiers. D’une question naît un échange. D’un échange, une connexion. « Les cités, ce n’est pas que du désordre. Des Mauriciens y construisent leur petit coin et y sont heureux, en toute modestie. Ce thème est si riche ! Et si les gens ne vont pas à la rencontre de cette richesse, j’essaie de la valoriser en la ramenant à eux. »     

@Aparte_Mag